Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/135

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Durant les trois ans que j’ai connu M. Hintermann, je puis affirmer qu’il n’a cessé de réclamer sa mise en liberté, et, qu’il a maintes et maintes fois mis le gouvernement suisse et le gouvernement allemand en demeure de démontrer qu’il était sujet britannique. La seule réponse catégorique qu’il ait jamais reçue, à ce sujet, de la Légation Suisse à Berlin, fut que le ministère des Affaires Étrangères d’Allemagne était pertinemment renseigné, et qu’il possédait dans ses archives la preuve documentaire que M. Hintermann avait été naturalisé en Angleterre. M. Hintermann a toujours taxé de fausseté ces prétendus documents.

Je ne saurais en dire davantage, mais il est certain que cet internement d’un sujet neutre, d’un des hommes les plus braves et les plus honorables que j’aie connus, internement qui n’avait pas encore pris fin lors de mon départ d’Allemagne, et qui a causé, tant au point de vue de la santé qu’au point de vue de la finance, un tort incalculable à celui qui en a été victime, aura une certaine répercussion dans le monde politique après la guerre.

M. Hintermann était un homme d’une très grande valeur. Il était estimé et vénéré de tous les prisonniers. Dans notre petit monde, dont la grande majorité était composée de miséreux, il a déployé envers tous une charité inlassable. Parlant également bien l’anglais, le français et l’allemand, il était en état de se mettre au courant des misères et des souffrances