Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/141

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ces messieurs désiraient passer en Hollande. On les ramena à Anvers, à la Kommandantur. Le cousin fut examiné le premier et se dégagea facilement ; on le remit immédiatement en liberté. Werner se flattait déjà de partager l’heureux sort de son cousin, mais à peine eut-il donné son nom que l’officier l’interrogeant parut songer un peu plus longtemps qu’il ne faut. Il court au téléphone, et revenant après quelques minutes, dit à Werner :

— « N’êtes-vous pas Edouard Werner ? »

— « Oui. »

— « N’êtes-vous pas déserteur ? »

— « Non ! »

— « N’étiez-vous pas d’un régiment à Berlin ? »

— « Oui. »

— « Et alors, comment se fait-il que vous soyez ici, et en habit de civil ? »…

Et sans attendre la réponse de Werner, l’officier rugit, écume, donne des ordres à faire trembler tout le monde, et fait jeter Werner en prison.

Peu après, on vient le chercher, à cette prison, pour le faire comparaître tout d’abord devant le commissaire de police allemande qui le menace des plus terribles châtiments, et lui dit, entre autres choses : — « Vous verrez ce que c’est que d’avoir affaire à l’autorité militaire prussienne. Je ne donne pas grand chose pour votre peau ! » On le renvoie à la prison, et quelques jours après, il est ramené à Berlin. Là, il est mis dans un cachot, et le lendemain