Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/143

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« Je suis Belge. En conscience, il m’était impossible de prendre les armes contre mon pays. À la première occasion qui s’est offerte, je n’ai pas déserté l’armée allemande, mais je suis rentré dans mon pays, d’où j’avais été tiré contrairement aux lois. À mon point de vue, porter les armes dans les rangs de l’armée allemande est un acte de félonie et de haute trahison ; je n’ai fait qu’obéir à la voix de ma conscience. Vous pouvez maintenant décider de mon sort : mon plaidoyer est fini. »

Les officiers se consultèrent. L’un d’eux dit : — « On ne saurait lui donner plus de quinze ans. » On le renvoie à son cachot. Werner attend avec anxiété le jugement que l’on va porter contre lui. Il attend en vain, mais quelques semaines après, on vient le chercher dans sa cellule, et il est amené à la Stadvogtei. C’est là que nous avons fait sa connaissance, et c’est lui-même qui nous a relaté ces divers incidents qui nous ont paru souverainement intéressants.

Il resta à la prison pendant cinq ou six mois, après quoi on le sollicita de nouveau de rentrer dans les cadres de l’armée allemande. Il refusa catégoriquement et enfin, on lui fit tenir un document officiel émanant des plus hauts tribunaux militaires de l’Empire, l’exonérant de l’accusation de désertion qui avait été portée contre lui.

Werner fut alors transféré au camp de Holzminden, et quelques mois plus tard, un prisonnier venu de ce camp, et que j’interrogeais au sujet de Werner,