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EN PRISON À BERLIN

ne pas mentionner les journaux socialistes comme le Volkszeitung et le Vorwearts.

Nous recevions, à la prison, tous les journaux allemands. J’étais abonné au Berliner Tageblatt et ce journal était toujours sur ma table. J’avais beaucoup d’admiration pour un publiciste dont le nom est bien connu en Allemagne et en France, M. Théodore Wolff. Il avait tant de fois, au cours de ses fins articles, dit son fait à l’autocratie allemande, qu’il était devenu parmi nous, prisonniers, extrêmement populaire. C’était au point que nous nous attendions, un jour ou l’autre, le voir arriver parmi nous. Nous lui eussions fait une réception !…

L’officier Block, lorsqu’il faisait sa visite, ne manquait jamais de remarquer le Tageblatt toujours sur ma table ; cela servait de prétexte, entre lui et moi, à un échange de vues et d’opinions sur la situation politique en général et particulièrement sur les projets de réforme électorale en Prusse, très commentés à cette époque.

Comme il a été dit plus haut, la diète de Prusse venait de refuser d’adopter ce projet de réforme. L’officier fit irruption, ce jour-là, dans ma cellule, la figure toute illuminée. Il se gaudissait : il n’avait pas de phrases assez ronflantes pour exprimer sa satisfaction au sujet de ce qui venait d’arriver. La Prusse allait conserver son ancien système, disait-il, le système autocratique qui lui avait valu la prospérité et la grandeur.