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MILLE ET UN JOURS

civils accusés d’avoir tiré sur leurs troupes, ne cherchaient, mais en vain, qu’une excuse pour justifier les actes inhumains dont ils se rendirent coupables en Belgique.

Donc, le 5 août, nous prenions le train à Ostende pour revenir à Anvers. L’état de guerre existait alors entre l’Allemagne et la Belgique. Nous étions dans notre compartiment exactement cinq personnes, trois enfants, ma femme et moi. Au moment où le train quittait la gare, un nouveau passager, tout essoufflé, se cramponnant à la porte du compartiment, l’ouvre, et faisant irruption à l’intérieur, dit en anglais à quelqu’un demeuré en arrière :

— « Thank you ».

Il répéta plusieurs fois son : « Thank you », en agitant celle de ses mains qui était libre.

Notre homme s’assied à la place qui n’était pas occupée.

Je lui demande : « Are you English » ?… (Êtes-vous anglais) —

— « No, I am American », me répondit-il. (Je suis Américain). —

— « Alors, si vous êtes Américain, nous sommes du même continent, car je suis Canadien. » Il ne me paraissait pas très enchanté d’avoir rencontré un compagnon si loquace. Comme il se tournait de préférence du côté de la portière, j’en conclus qu’il trouvait beaucoup plus intéressant le paysage qui se déroulait devant ses yeux.