Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
MILLE ET UN JOURS

se rendre à une cellule au rez-de-chaussée, et là, l’officier lui-même, en charge de la prison, nous adressa à tous des remontrances très sévères. Il dit en particulier « qu’il n’espérait pas de nous que nous renoncions ouvertement à nos sympathies pour l’Angleterre, mais qu’il ne tolérerait jamais que l’on fît, à l’endroit de l’Allemagne, une remarque désobligeante ». Et il citait, en particulier, le cas de Williamson et aussi celui de M. Keith qui, disait-il, « était né en Allemagne, avait profité de l’hospitalité germanique, avait reçu son éducation dans les écoles publiques de l’Empire et qui cependant manifestait, chaque fois que l’occasion s’en présentait, son antipathie à l’endroit de sa patrie d’adoption ». Il nous menaça. Ceux qui se rendraient coupables de ces remarques déplacées seraient sévèrement punis.

Cette démarche de l’officier Block indisposa fortement les prisonniers anglais et deux d’entre eux, dont je désire taire les noms, lui organisèrent ce qu’on est convenu d’appeler, en langage vulgaire, une scie.

Par un stratagème des plus habiles, une des clefs passe-partout avait été chipée à un sous-officier. Cette clef pouvait ouvrir toutes les portes à l’intérieur de la prison, mais ne s’ajustait pas sur la serrure de la porte extérieure. Munis de cette clef, nos deux prisonniers conçurent l’idée d’embêter magistralement l’officier lui-même.

On parvenait avec beaucoup de difficultés, il est vrai, mais on réussissait quand même à se procurer,