Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/55

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rendre très utile. Ma femme se trouvait à la tête d’une société de bienfaisance établie depuis assez longtemps à Capellen, et qui prenait, à cause de la guerre, une importance et une utilité inaccoutumées. Malgré les circonstances pénibles où nous nous trouvions par suite de l’occupation allemande, il nous sembla préférable, à tout prendre, de continuer à mener tranquillement la vie de famille dans notre foyer, — comme firent d’ailleurs la plupart de nos amis qui n’avaient pas eu le temps ou n’avaient pas voulu s’expatrier, — et à donner des soins aux malades et des secours aux pauvres.

Cet officier allemand devenu notre hôte était du Brunswick, et se nommait Goering. Il avait été attaché à l’ambassade allemande en Espagne pendant deux ans, et à celle du Brésil pendant huit ans. Il possédait, il faut le reconnaître, beaucoup de vernis international, parlait assez bien le français et l’anglais et n’avait, naturellement, aucun doute au sujet de la victoire définitive des armées allemandes. C’était aussi l’opinion des trois autres militaires qui l’accompagnaient. À ce moment, Anvers venait de tomber entre leurs mains, et ces bons Prussiens s’imaginaient que, dans quelques semaines au plus, leurs troupes débarqueraient en Angleterre. D’Ostende où ils entraient justement, il leur semblait qu’il n’y eût plus qu’un pas à faire.

Cet officier nous quitta à la fin de décembre après avoir demeuré avec nous environ trois mois. Je dois dire que je n’ai pas trouvé en lui le type de l’officier