Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nombreux réfugiés, parents de la famille, logeaient chez nous depuis plus d’une semaine, et qu’il est fort difficile, sinon impossible, de lui faire place. Mais il insiste en nous disant que les trois militaires qui l’accompagnaient, un chauffeur, une ordonnance et un palefrenier, pourraient loger dans la remise aux autos, et que lui seul exigerait une chambre dans la maison même.

Croyant qu’en lui dévoilant ma nationalité il me serait plus facile de le dissuader, je lui dis simplement : — « Mais j’ai l’intention de quitter la Belgique avec ma famille pour retourner au Canada, car je suis canadien, et par conséquent sujet britannique. »

— « Je sais cela, me dit-il, je sais cela. » Je confesse que je fus assez étonné de constater qu’il connût si bien ma nationalité. Quel merveilleux service d’espionnage ont ces gens ! — « Si, ajouta-t-il, vous ne devez pas quitter absolument la Belgique, rien ne vous empêche de demeurer ici, quoique sujet anglais. J’ai appris que vous êtes médecin, et que vous avez fait, en cette qualité, du service à l’hôpital d’Anvers. Vous n’avez donc rien à craindre en demeurant ici, étant protégé par les lois et par l’autorité militaire. » J’échange un regard avec ma femme, et nous fûmes d’accord en un instant. Nous acceptions cet officier et ses hommes et nous restions. Cet arrangement nous allait d’autant mieux que Capellen, à cette époque, ne possédait plus de médecin, quelques-uns d’entre eux étaient rendus à l’armée, et les autres en Hollande. Dans ces circonstances, je pouvais me