Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/63

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de son compagnon, et qui nous regarde ensuite, des pieds à la tête, ma femme et moi.

— « Vous êtes sujet anglais ? », reprit-il.

— « Vous l’avez dit ! »

— « Depuis combien de temps êtes-vous ici ? »

— « Je suis arrivé en Belgique quelques jours, je crois, avant vous, c’est-à-dire en juillet 1914. »

— « Que faites-vous ici ? »…

Il s’engagea alors, entre ces deux officiers et nous, un colloque qui dura quelques minutes seulement, mais qui suffit à faire comprendre à ces messieurs, et sans trop de difficulté, que ma présence en Belgique n’avait rien de mystérieux, pas même pour un Allemand.

Apparemment convaincu qu’il n’avait pas affaire à un espion à la solde du gouvernement anglais, le premier officier confessait qu’il ne voyait pas d’objection sérieuse à ce qu’un permis de quitter la Belgique nous fût donné, mais ses instructions étant catégoriques en ce qui concernait les sujets britanniques, il ne pouvait, sans l’autorisation de son chef militaire, le major Von Wilm, donner le sauf-conduit demandé. Il nous conseilla d’aller voir ce major. Nous nous rendons immédiatement à son bureau. Chemin faisant, je faisais simplement remarquer à ma femme qu’une fois entré dans ce nouveau bureau où l’on nous envoyait, il pouvait bien se faire que je n’en sortisse jamais. Le major Von Wilm nous reçoit avec une certaine affectation de civilité et écoute attentivement l’histoire que nous lui racontons.