Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/84

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gements, et rien à manger. Le préposé au buffet nous expliqua, si j’ai bien compris, que ce wagon-restaurant était pour l’usage exclusif des officiers ou des personnes accompagnées par des officiers, or, comme mon gardien n’était que sous-officier, nous fûmes poliment éconduits.

À Cologne, toute tentative de nous approcher du buffet de la gare échoua déplorablement. Il y avait grande foule. Mon sous-officier était naturellement un peu craintif. J’aurais pu, je pouvais lui échapper dans cette cohue, et il en aurait été sévèrement puni. Alors, il n’y eut rien à faire.

Quelle nuit, dans ce compartiment de wagon, au milieu de voyageurs allemands taciturnes ou ronflants ! Heureusement, une nuit de juin est courte. Dès les petites heures du matin, l’aube s’annonçait radieuse, et j’assistai à un merveilleux réveil de la nature. Dès quatre heures, je pouvais me remettre à ma lecture.

À 9 heures, nous étions à Berlin, et je vis pour la première fois la capitale de l’empire allemand. Sur le quai de la gare, un personnage dont j’ai toujours ignoré le nom, s’était glissé près de nous. Il était en civil. Après avoir échangé quelques mots avec mon sous-officier, avec lequel il me sembla d’intelligence, ce fut lui qui donna les ordres et indiqua la direction de la marche que nous devions suivre.

En sortant de la gare, ce monsieur allemand en civil, qui devait être un officier d’un assez haut rang,