Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/14

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Avec eux, ma verve en démence
Eût perdu ses traits acérés.
J’aurais pu boire à la clémence :
Mon bon Roi, vous me le paierez.

Vous connaissez Lise la folle,
Qui sur mes fers pleure d’ennui ;
Ce soir même un bal la console :
« Bah ! dit-elle ; tant pis pour lui ! »
J’allais, pour complaire à la belle,
Nous peindre heureux sous votre loi ;
Serviteur ! Lise est infidèle :
Vous me le paierez, mon bon Roi.

Dans mon vieux carquois où font brèche
Les coups de vos juges maudits,
Il me reste encore une flèche ;
J’écris dessus : Pour Charles-Dix.
Malgré ce mur qui me désole,
Malgré ces barreaux si serrés,
L’arc est tendu, la flèche vole :
Mon bon Roi, vous me le paierez.