LES CINQ ÉTAGES
Air : Dans cette maison à quinze ans
Dans la soupente d’un portier
Je naquis au rez-de-chaussée.
Par tous les laquais du quartier,
À quinze ans, je fus pourchassée.
Mais bientôt un jeune seigneur
M’enlève à leur doux caquetage.
Ma vertu me vaut cet honneur ;
Et je monte au premier étage.
Là, dans un riche appartement,
Mes mains deviennent des plus blanches ;
Grâce à l’or de mon jeune amant,
Là, tous les jours sont des dimanches ;
Mais, par trop d’amour emporté,
Il meurt. Ah ! pour moi quel veuvage !
Mes pleurs respectent ma beauté ;
Et je monte au deuxième étage.
Là, je trompe un vieux duc et pair
Dont le neveu touche mon âme :
Ils ont d’un feu payé bien cher,
L’un la cendre et l’autre la flamme.
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