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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/101

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se mouillèrent de larmes, et je rendis grâces à Dieu que je n’ai jamais oublié dans mes instants prospères[1].

Empruntant bien vite des vêtements plus convenables que les miens, je me rendis auprès du frère du Premier consul. En vérité, quand je pense aux deux faibles poëmes dithyrambiques (le Rétablissement du culte et le Déluge) que j’osai envoyer à cet homme illustre, orateur et poëte lui-même, je dois m’étonner des marques de bienveillance qu’il me prodigua. Il voulut bien m’assurer qu’il se chargeait de veiller sur mon sort et m’en donna la preuve, malgré son départ précipité pour Rome, d’où il ne tarda pas m’envoyer une procuration[2] pour toucher

  1. « Le sénateur Lucien Bonaparte a reçu, citoyen, et a lu avec intérêt les poëmes que vous lui avez adressés. Il vous recevra avec plaisir pour en conférer avec vous ; il est ordinairement chez lui dans la matinée, de midi à deux heures. J’ai l’honneur de vous saluer,
    « Thiébaut, secrétaire.
    « Le 30 brumaire an XII. »
  2. La pièce suivante était dans une lettre que Béranger avait conservée et dont il a cité quelques lignes, mais que nous n’avons pas eue entre les mains. La lettre commençait ainsi : « Je vous adresse une procuration pour toucher mon traitement de l’Institut. Je vous prie d’accepter ce traitement, et je ne doute pas que, si vous continuez de cultiver votre talent par le travail, vous ne soyez un jour un des ornements de notre Parnasse. Soignez surtout la délicatesse du rhythme : ne cessez pas d’être hardi, mais soyez plus élégant, » etc.
    « Rome, le 27 octobre 1804.

    « J’autorise M. Béranger, porteur de la présente, à recevoir pour