Page:Béranger - Ma biographie.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Inde. Lié avec plusieurs peintres[1], il me fut facile de remplir ma nouvelle tâche : j’y achevai de perfectionner mon goût pour les arts plastiques, grâce aux conseils de Landon, qui ne manquait ni de tact ni de savoir. Les dix-huit cents francs de cette place, joints aux mille francs de l’Institut, me procurèrent les plus douces jouissances de la richesse ; car je pus aider mon père et secourir ma pauvre grand’mère, la veuve du bon vieux tailleur, dont les assignats avaient complété la ruine. Je pus même aussi me rendre utile à ma sœur, ouvrière chez une de nos tantes.

Toujours tourmenté de la crainte d’être un jour obligé de faire de la littérature un métier, prévoyant que mon emploi actuel avait peu de stabilité, je ne négligeai pas les moyens d’en obtenir un plus solide, et pour cela je m’adressai à M. Arnault[2], poëte tra-

  1. Guérin ; Bourdon (Pierre-Michel), né à Paris en 1778, mort peu de temps avant Béranger, récompensé d’une médaille de 2e classe en 1806, élève de Regnault et collaborateur du Musée Filhol ; et M. Évrard, qui a survécu à Béranger et qui l’avait fait entrer chez Landon.
  2. Voici cette lettre :
    « Paris, ce 25 vendémiaire an XIII.

    « Monsieur, je n’ai point l’honneur d’être connu de vous, et ma démarche vous paraîtra sans doute extraordinaire ; quelques détails suffiront peut-être pour la rendre au moins excusable ; je dois, monsieur, vous les donner avant tout.

    « Il y a environ dix mois que je recherchai la protection de M. Lucien