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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/112

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beautés des écrivains de l’antiquité d’une façon toute nouvelle et faisait rentrer dans la littérature l’élément religieux qui semblait banni de notre poésie. Son livre devint pour moi un cours d’études bien autrement inspirateur que ceux de Le Batteux et de La Harpe. À l’exception des larmes d’admiration que m’avait arrachées l’Iliade de madame Dacier et l’espèce de passion que m’inspirait Aristophane, génie qui me semble encore mal apprécié chez nous, je n’avais pu me rendre bien compte de la poésie grecque. Je dus à M. de Chateaubriand de l’entrevoir à côté de la poésie biblique. Je lui dus aussi de juger plus sainement notre propre littérature, sans que pour cela je me sois soumis à toutes les opinions du grand écrivain. J’ai eu le malheur, car c’en est un, de ne pouvoir complétement courber la tête sous aucun joug, ce qui ne m’a pas empêché de vouer une entière reconnaissance à ceux que j’ai choisis pour maîtres.

Avec un fond inébranlable de cette foi que nous appelons déisme, foi si fortement gravée dans mon cœur, qu’unie à tous mes sentiments, elle irait jusqu’à la superstition, si ma raison le voulait permettre, avec les dispositions mélancoliques, nées du malheur, et sous l’influence des ouvrages de Chateaubriand, je tentai de retourner au catholicisme ; je lui consacrai mes essais poétiques, je fréquentai les