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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/119

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tous les frères de l’Empereur, M. Lucien n’eut point part à sa fortune élevée, et resta dans un exil qui n’a été suspendu que pendant les Cent-Jours. Ma reconnaissance souffrit de le voir oublié à Rome, qu’il habitait alors, et m’inspira l’idée de lui rendre un hommage public. Je n’avais d’à peu près terminé que quelques poésies pastorales. Laissant de côté [1]

  1. « Vous travaillez donc ? allez-vous me dire. Oui, mais peu. Je crains bien de n’avoir point terminé pour l’hiver ; mais je m’applaudis pourtant de ma lenteur : combien de corrections le temps ne fournit-il pas ! Mon premier chant y a gagné même depuis que vous l’avez lu. J’en ai encore fait disparaître dernièrement une omission assez étrange. J’avais négligé d’indiquer positivement la saison dans laquelle se passe la scène ; cela m’a fourni un trait heureux pour ce premier chant, et un autre au second. Je ne crois pas, mon ami, qu’il y ait de poésie plus difficile que celle de ce genre. Sans doute, beaucoup d’autres genres sont au-dessus de la sublimité des conceptions et des pensées mais aucun ne présente plus de difficultés de style. » (Correspondance, t. I, p. 161 ; année 1812.)

    « J’écris aussi, et si ce que Buffon a dit du génie, que c’est une aptitude à la patience, est absolument vrai, j’ai furieusement de cette drogue. Figurez-vous, mon ami, que je suis obligé de refaire les deux tiers de mon second chant ; les cent premiers vers m’ont déjà occasionné des changements qui donnent à ce début un air tout nouveau. Je suis plus content que pour mon premier chant ; celui-ci a déjà subi aussi plusieurs corrections depuis que vous l’avez lu. Enfin je travaille continuellement, mais j’avance peu ; il faudra pourtant bien que cela finisse. Arnault, à qui dernièrement je faisais l’histoire de ces corrections, sans les lui communiquer toutefois, s’étonnait de ma constance et de mon peu d’empressement à me faire connaître ; il m’invite souvent à publier mes ouvrages ; je n’en ferai rien que je ne les aie portés au point de perfection où je sens que je puis arriver.

    « Ensuite il en sera tout ce qui plaira au sort ; mais je ne crois