Page:Béranger - Ma biographie.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’après la bataille de Waterloo ; mais, dans cette funeste circonstance, il me fut impossible[1] de pénétrer jusqu’à ce prince, que je n’aurai peut-être jamais le bonheur de revoir.

Retournons en 1807. Ayant perdu ma place chez Landon, qui avait à peu près terminé son œuvre, et me trouvant réduit au traitement de l’Institut, avec des charges aussi lourdes[2], je serais retombé dans la misère, sans un de mes amis d’enfance, Quénescourt, de Péronne, qui me rendit facile l’attente d’un temps meilleur[3]. Je me suis entendu accuser de

  1. Lucien Bonaparte ne put rester à Paris que jusqu’aux derniers jours de juin. Il était revenu en France le 9 mai.
  2. Béranger soutenait son père et élevait auprès de lui le fils qui lui était né en 1800, et dont il va parler tout à l’heure.
  3. C’est dans la Correspondance de Béranger, au tome Ier, pendant plus de cent pages, qu’est marquée dans toute sa simplicité la noblesse de l’amitié qui unit M. Quénescourt et Béranger ; que de lettres comme celle-ci : « Eh ! que m’importe l’argent ! N’ai-je pas des amis ? Je les mets à la gêne, il est vrai, mais ils ne me le reprocheront pas, et qui sait si la Providence ne me mettra pas à même de reconnaître un jour tout ce qu’ils font pour moi ? N’y comptez pas trop cependant, mon cher ami. Une personne qui m’est attachée voulait, et devait me prêter 400 francs que je vous demande (pour payer les frais du décès de son père) ; mais elle a moins le moyen de les perdre que vous, et je vous ai donné la préférence. » (Lettre du 8 janvier 1809.)

    On n’ignore pas qu’il y a dans les chansons de Béranger un chant funéraire composé après la mort de son ami. M. Quénescourt est mort à Nanterre le 20 janvier 1831.

    Avec Lucien Bonaparte, c’est à M. Quénescourt que revient l’honneur de nous avoir donné Béranger.

    M. Quénescourt (François-Gabriel) naquit à Péronne en 1784, de