Page:Béranger - Ma biographie.djvu/126

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alors et vivant de son travail, a souvent aidé le financier[1] ; mais c’était le rigide Manuel qui était l’arbitre de leurs relations, et je crois être certain qu’elles n’ont jamais été avantageuses à l’écrivain. Thiers a toujours conservé un cœur bon et des mains pures. Lorsqu’on lui a reproché d’avoir été ingrat envers Laffitte, il a gardé le silence : c’est un noble courage dont je suis juge par tout ce que je sais et je dois ajouter que cette injuste imputation n’est jamais sortie de la bouche de Laffitte. Au contraire, il s’est souvent loué, avec moi, de la conduite qu’en plusieurs occasions graves Thiers a tenue à son égard depuis 1830.

Dans cette notice, que j’aurais voulu faire succincte, je ne cesse de parcourir de haut en bas et de bas en haut l’échelle de mes jours, amendé par un mot à sauter dix ou quinze ans ; qu’il me faut ensuite remonter. Cette fois encore, retournons à ma jeunesse et à quelques-uns de ses plus heureux moments : grand plaisir pour un vieillard.

Les fréquents voyages que je faisais à Péronne, pour voir ma tante et Quenescourt, chez qui je logeais, eurent beaucoup d’influence sur le dévelop-

  1. Les écrits publiés sous le nom de Laffitte, de 1820 à 1830, sont : Opinion sur le projet de loi de finances de 1822 ; Réflexions sur la réduction de la rente et sur l’état du crédit (1824) ; Laffitte, banquier à Paris, à MM. les Électeurs de l’arrondissement de Vervins (1826).