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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/127

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pement presque involontaire de mon chansonnier. D’anciens amis, de bons parents, les Forget, entre autres, à peu près de mon âge, se réunissaient pour me faire fête. Les plaisirs de la table sont les seules distractions des petites villes : belle occasion pour égayer par des couplets le dessert, qui souvent ne finissait qu’à minuit. Je les improvisais presque, et plusieurs de ces chansonnettes ont pris place dans mes volumes. La chanson des Gueux date de cette époque, car nous étions loin d’être de grands seigneurs. L’un de nos convives les plus assidus était le compositeur qui, autrefois, à l’imprimerie, m’avait donné mes premières leçons de casse. Brave Beaulieu ! excellent homme, qu’un verre de vin consolait de bien des misères, et que nous aimions tant à consoler !

Arrivé aujourd’hui à cet âge que les Grecs ont appelé la fin du banquet, il me prend envie de me redire à mon triste dessert quelques-unes des chansons de ce temps de joie et d’amitié[1].

  1. C’est Laisney qui donna à la maison de M. Quenescourt le nom de Couvent des Sans-Soucis. La communauté se composait de sept frères, qui étaient M. Quenescourt, frère gardien ou prieur ; Poticier, sommelier, surnommé frère Asinard ; Laisney, dit le frère Chopine ; Béranger, dit frère Hilarion, de France ; frère Boniface, M. Mascré, et le compositeur Beaulieu, à qui on avait décerné le surnom rabelaisien de Ripailles. M. Antier alla visiter le couvent : il y reçut le nom de frère Bienvenu.