Page:Béranger - Ma biographie.djvu/140

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obtint pour moi une place dans les bureaux. Il me présenta au grand-maître Fontanes[1], ancien obligé

    velle ne fut organisée que par les décrets du 17 mars 1808 et du 15 novembre 1811.

  1. La lettre que Béranger, sur l’invitation d’Arnault, écrivit à Fontanes, a été conservée.

    « Mon nom, lui dit-il, vous est inconnu ; la circonstance qui aurait pu lui donner une place dans votre mémoire est trop éloignée pour que vous puissiez vous le rappeler. Je crains même de retracer inutilement à votre souvenir cette circonstance qui seule me donne l’espoir de vous inspirer quelque intérêt.

    « Il y a quatre ans que M. Lucien Bonaparte, mon protecteur, vous lut, Monsieur, deux poëmes, l’un du Rétablissement du culte, et l’autre du Déluge. Selon ce qu’il m’a dit, ces ouvrages, quoique chargés de fautes, obtinrent votre éloge. Apparemment que quelques-uns de ces traits que parfois le hasard fait rencontrer à la médiocrité vous portèrent à l’indulgence envers une muse novice. J’ai su, Monsieur, que votre suffrage ainsi que celui de M. Arnault, qui depuis m’honore de son amitié, contribua dans le temps à me faire obtenir la protection de M. Lucien : la pension qu’il m’a accordée, des bienfaits particuliers, et les lettres aimables et flatteuses qu’il daigne m’adresser, me donnent la certitude qu’il n’a pas cessé de s’intéresser à moi. Malheureusement j’ai des charges qu’il n’est pas obligé de connaître, et l’état de gêne dans lequel je vis me fait hasarder de vous faire la demande, Monsieur, de quelque emploi dans l’Université ; non dans le corps enseignant (je n’ai reçu aucune éducation, et c’est contre toute raison que je cultive les muses), mais dans l’administration de ce vaste établissement à la tête duquel vous êtes si dignement placé.

    « Dans ce moment, sans doute, Monsieur, un grand nombre de personnes de mérite s’adressent à vous pour le même objet ; aussi n’est-ce pas une injustice que je sollicite mais, lorsque vous aurez pourvu ceux qui ont des droits réels à votre bienveillance, j’espère, Monsieur, que vous voudrez bien songer à moi, dont le plus grand regret, si mon espoir était trompé, serait d’avoir perdu l’occasion de connaître particulièrement l’un de nos poëtes les plus distingués. Je