Page:Béranger - Ma biographie.djvu/160

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peut-être pas ce qu’on doit appeler la chanson ; c’est plutôt le vaudeville, où l’auteur procède par couplets reliés seulement par quelque dicton proverbial ou même par un mot mis en refrain. Dans ce genre, Gouffé conserve une véritable supériorité, et c’est lui qui, dans notre temps, donna le plus de soin à la correction des vers et à la richesse de la rime, trop négligée depuis le siècle de Louis XIV. Il est singulier que ce soient des chansonniers, car moi aussi de très-bonne heure je rimai avec une grande exactitude, qui, chez nous, aient remis la rime pleine en honneur. L’école nouvelle n’avait sans doute pas besoin de cet exemple ; mais elle n’en convint pas moins que je l’avais devancée dans une de ses réformes les plus heureuses.

Lorsque arrivèrent les dernières convulsions de l’Empire, et surtout les Cent-Jours, la diversité des opinions ne tarda pas à semer les mésintelligences dans notre société, comme dans toute la France, et mon patriotisme ne put s’arranger longtemps de ce que je voyais et entendais dans nos dîners. Je désertai donc : pour m’en éloigner, il eût suffi d’ailleurs de la petite aventure que je vais raconter.

Invité un jour par une lettre de Baleine, le fameux

    En piquant jamais il n’afflige ;
    Sans ivresse il chante le vin,
    Et sans outrager il corrige.