Page:Béranger - Ma biographie.djvu/177

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gens s’attendaient à voir affublé d’un cotillon, parce que l’erreur et la malignité l’avaient ainsi dépeint, montra, malgré ses infirmités, une physionomie affable, digne, qui plut assez généralement. Dans une cérémonie pareille, les vieillards obtiennent presque toujours de la bienveillance. Nous autres gens de la foule, nous eûmes à peine le temps de voir les personnages secondaires ; mais dans tout ce cortège, qui dut paraître si gothiquement mesquin à des yeux habitués à la pompe des fêtes napoléoniennes, il n’y eut d’universels honneurs que pour quelques portions de la garde impériale, qu’on était parvenu à faire marcher derrière les voitures de la cour nouvelle ou de la vieille cour, si on aime mieux dire. À la vue de ces mâles figures, sillonnées de tant de cicatrices, hâlées à tant de soleils différents, aujourd’hui si graves, si tristes, presque honteuses des cocardes blanches qu’on leur impose, des cris éclatent de toutes parts : « Vive la garde impériale ! » Ceux-là même qui ont crié : « Vive le roi ! » viennent grossir cette clameur impérialiste, qui produit le plus étrange contraste et semble devoir effrayer l’oreille des princes. Accueillis ainsi, les vieux braves relèvent plus fièrement la tête et répondent à cette glorieuse salutation en criant : « Vive la garde nationale ! » Les deux cris se mêlent et se prolongent pendant toute la marche, en dépit de la