Page:Béranger - Ma biographie.djvu/180

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n’aima Marie-Louise, qui n’a que trop justifié nos pressentiments et l’accueil que fit Paris à son digne père en 1814.

Pendant le séjour des rois alliés, Alexandre s’attacha à mériter nos louanges par une magnanimité d’apparat, qui n’était pas sans charme. On tint compte au roi de Prusse de longs malheurs, d’une bravoure de soldat et d’une simplicité toute bourgeoise. Mais, quand parut l’empereur François, il n’y eut ni assez de malédictions, ni assez de quolibets, pour lui, dans toutes les classes de notre population. Que n’a-t-il entendu ce qu’il s’est dit sur son passage, chaque fois qu’il se montra en public ! malgré son flegme, il eût peut-être rougi.

Chez nous autres Parisiens, admirateurs enthousiastes des grands talents, des grandes vertus, tout prestige nobiliaire et royal est à jamais détruit. À quelque condition qu’un homme appartienne, s’il a encouru le blâme, il reçoit la même épithète. Nos aïeux seraient bien étonnés s’ils pouvaient apprendre que, dans Paris, un empereur d’Autriche, un successeur de Rodolphe de Habsbourg et de Charles-Quint, a été flétri, par le peuple, des injures les plus outrageantes. Et cela tout haut et à l’instant même où cette foule, qui le couvrait de son mépris, cherchait des yeux son glorieux frère, le prince Charles, qui n’était pas venu à Paris, mais