Aller au contenu

Page:Béranger - Ma biographie.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui y eût été reçu comme un ennemi généreux et loyal.

Des étrangers trouveraient sans doute que je parle trop irrévérencieusement des princes qui sont venus se faire passer en revue par les Parisiens. Mais qu’on réfléchisse à l’éducation que mes contemporains et moi nous avons reçue des événements, et l’on cessera de s’en étonner. La Convention, qui coupait la tête des rois, eût dû voir, d’après ce qui avait déjà eu lieu en Angleterre, qu’elle n’avait pas pris le meilleur moyen pour nous désenivrer des Majestés. La Providence y pourvut : elle poussa au faîte de la puissance un petit sous-lieutenant qui, pendant quinze ans, nous donna la mesure de toutes les marionnettes royales.

Peu d’heures après la reddition de Paris, nous arriva Bernadotte, qui, pour se justifier d’avoir combattu contre ses anciens compatriotes, disait qu’il avait dû se faire Suédois en acceptant l’héritage de la couronne de Suède ; argument que plusieurs ont eu le front d’approuver. À ce compte, il n’a manqué qu’une couronne à Moreau pour effacer la honte de sa mort au milieu de nos ennemis. La place de Bernadotte, dans l’histoire, serait bien autre, s’il eût quitté un trône pour voler au secours de sa terre natale. D’ailleurs, la qualité de Suédois ne tenait pas tant à cœur à ce Gascon, si bien conservé