Page:Béranger - Ma biographie.djvu/195

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passé plusieurs heures en conférences politiques. Je connaissais le comte, et j’aidai Manuel à lui débrouiller cette vieille fourberie du Scapin de Nantes. « Ah ! monsieur Manuel, dit le général, je ne m’étonne plus du silence que gardait celui que je prenais pour vous, quand j’insistai, auprès des généraux alliés, pour les décider à forcer les Bourbons d’accepter la cocarde tricolore[1]. »

M. de Vitrolles[2], royaliste courageux, qui s’était mis en rapport avec Fouché, faisait alors des démarches assez ostensibles pour que le bruit en vînt au général Solignac[3], représentant, qui courut, de

  1. Ce M. Fabri avait été un des amis de Manuel à Aix, et celui-ci, qui ne voulait pas de la députation que cette ville lui offrait, fit nommer Fabri représentant. Manuel n’en fut pas moins nommé à Barcelonnette. Il crut à la sincérité des principes de Fouché, conventionnel et régicide, et Fouché fit tout ce qu’il put pour entretenir des relations avec lui, même après la seconde rentrée des Bourbons. Manuel l’aida dans la rédaction des notes, qui eurent alors un grand retentissement, parce qu’elles dévoilaient la route dangereuse que suivait la cour. Fouché, par ces notes, voulait conjurer sa chute, Manuel servir la France. (Note de Béranger.)
  2. C’est M. de Vitrolles, plus que personne, qui, en 1814, assura le triomphe des Bourbons et enhardit les étrangers à s’avancer sur le sol de la France. Dans les Notes et Souvenirs qu’il a placés en tête de son édition de la Correspondance de Lamennais, M. Forgues apprend que M. de Vitrolles l’a chargé de publier ses mémoires, et, par avance, fait l’éloge de l’esprit tout à fait moderne et libéral de ce champion déterminé de la Restauration.
  3. Dans les procès-verbaux des séances de la Chambre des représentants de 1815, on voit que, le 5 juillet fut envoyée aux armées une commission composée de MM. le général Tilly, Béchard, le général