Page:Béranger - Ma biographie.djvu/196

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grand matin, en prévenir ses collègues Durbach et Dupont, un des vice-présidents de la Chambre. Tous trois se rendent en hâte chez le duc d’Otrante, qu’ils trouvent dans un déshabillé fait pour ajouter à l’expression désagréable de sa figure.

Après avoir écouté les reproches de ces messieurs et les questions pressantes de Dupont, Fouché entre dans des explications mensongères ; puis, voyant qu’il ne persuade personne, il ose rappeler ses titres révolutionnaires à la haine des Bourbons. Ces titres, malheureusement, lui avaient concilié la confiance de plusieurs citoyens, entre autres de Manuel, dont l’âme loyale oublia que, dans les bouleversements politiques, ceux qui ont le plus à racheter, sont souvent les premiers à vendre. Las, enfin, des divagations de Fouché, ému d’indignation, Durbach se lève à ce mot plusieurs fois répété : « Oubliez-vous donc qui je suis ? » et répond : « Non, nous ne pouvons l’oublier, et les souvenirs me viennent en foule. Qu’est-ce, en effet, que monseigneur le duc d’Otrante ? N’est-ce pas cet ex-oratorien, président d’assemblées populaires, qui, lorsque des huées interrompaient un ouvrier demandant l’abolition de l’Être suprême,

    Blamont, Paultré-Laverney, le général Solignac et Durbach. Le général Solignac (né le 22 janvier 1773 à Milhau, dans l’Aveyron) est l’une des personnes qui, en juin 1815, décidèrent l’Empereur à abdiquer. Il soutint la cause de Napoléon II.