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qui ne m’en montra pas moins de bienveillance et plusieurs fois même m’engagea à faire valoir les persécutions essuyées par mon père et à mettre à profit mes anciennes relations avec M. de Bourmont, parvenu si malheureusement à une haute fortune après la bataille de Waterloo. Bien que je susse que ce général avait fait des recherches pour apprendre ce que nous étions devenus, mon père et moi, j’étais loin de vouloir tirer parti d’une opinion qui n’était pas la mienne. M. Petitot ne m’en témoigna que plus d’intérêt et ne cessa de me défendre contre les dénonciations de beaucoup de gens que, lors du retour de l’Empereur, j’avais défendus et protégés. Je commençai à voir de près bien des turpitudes. Je devais en voir davantage et de plus grandes. Alceste se dépitait pour bien peu de choses.

C’est à la fin de 1815 que je hasardai la publication de mon premier volume de chansons. J’étais arrivé à l’âge où l’on commence à pressentir les inconvénients de la carrière littéraire. Le besoin d’argent put seul alors me déterminer à entrer en contact direct avec le public[1], d’autant plus que j’appréciais

  1. Il existe une lettre de Béranger au libraire Eymeri, relative à la vente de son premier recueil. Cette lettre, datée du 5 novembre 1815, n’indique pas d’autres stipulations que la remise à faire à l’auteur par le libraire de trente exemplaires des chansons. Le tirage devait être de 2,500 et le nombre des pièces de soixante à quatre-vingts, choisies sur les cent cinquante chansons qu’il avait alors dans son portefeuille. Il