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encore très-vaguement l’utilité de mes vers pour la cause que j’avais embrassée. Le volume fut bien accueilli et n’ébranla pas ma fragile position à l’Université. « Il faut pardonner bien des choses à l’auteur du Roi d’Yvetot, » fut, m’a-t-on assuré, le mot de Louis xviii, qui aimait les chansons par tradition d’ancien régime et qu’on a même accusé d’être mort avec les miennes sur sa table de nuit.

Ce que je ferai remarquer, à propos de ce volume, publié lorsque j’étais attaché aux bureaux de l’instruction publique, c’est qu’il contient le plus grand nombre de couplets qui rappellent les licences un peu cyniques de notre vieille littérature. Rien ne prouve mieux que je ne croyais pas qu’ils dussent encourir de graves reproches. Quand on m’apprit que nos vieux auteurs de l’école de Rabelais n’étaient pas des modèles à imiter, même en chansons, il était trop tard pour faire disparaître des vers qui, comme je l’ai dit ailleurs, contribuèrent à populariser ma réputation. Dès ce moment ils appartinrent au public ; les retrancher des nouvelles éditions eût été inutile ; les libraires d’ailleurs n’eussent pas voulu y consentir, et j’avoue qu’il y en a que j’aurais fort regrettés. Au reste, convient-il à mon siècle de se montrer sévère pour des productions dont la gaieté est l’excuse

    est probable que, pour un tirage aussi fort, le libraire devait rémunérer le poëte.