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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/21

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roi de Rome qu’à mon tour je me vis attribuer. Je ne réclamai pas cette fois, mais j’avais écrit plusieurs lettres à la Quotidienne en faveur de l’autre Bérenger, que j’aurais voulu voir déclarer innocent de mes rimes malencontreuses. La Quotidienne ne tint aucun compte de mon témoignage ; il résulta de tout cela une particule de plus en littérature. À la Restauration, quelques amis voulaient que je la supprimasse ; mais j’avais assez de confiance dans mes principes pour ne pas chercher à en faire preuve d’une façon aussi puérile. J’ai eu de mon père, pour toute succession, une généalogie armoriée, à laquelle il ne manque que des pièces justificatives, l’exactitude historique et les vraisemblances morales.

Mais revenons à mon voyage en Picardie. C’était à une de ses sœurs[1], veuve sans enfants, que, sans l’en avoir prévenue, mon père m’expédia par la diligence. Je me vois arrivant, avec une vieille cousine, ma conductrice, à la petite auberge de l’Épée-Royale, que cette tante tenait dans un des faubourgs de Péronne et qui était toute sa fortune. Je ne la connaissais pas : elle m’accueille avec hésitation, lit la lettre de mon père qui me recommandait, puis dit à la

  1. Marie-Victoire, né le 12 mars 1753, mariée le 9 janvier 1776 à Jean-Louis Turbeaux, marchand de bois et aubergiste au faubourg de Bretagne. Veuve le 15 janvier 1788, et mariée en secondes noces, le deuxième jour des sans-culottides de l’an II, à Charles Bouvet ; madame Bouvet est morte en 1859, à quatre-vingt-six ans.