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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/225

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mille francs, les sommes qui vinrent après[1] ne produisirent que peu d’effet sur moi. Je leur ai dû pourtant de pouvoir vivre, dès lors, sans emploi ; car depuis j’ai presque toujours pu me suffire et suffire à ceux qu’il m’a été si doux d’admettre au partage de mes modiques ressources. Peut-être cette petite fortune ne m’eût-elle pas toujours mis hors d’embarras ; mais j’ai eu, j’aime à le répéter, des amis excellents, qui, sans cesse veillant sur moi, m’ont évité de retomber dans les ennuis de la misère, où m’aurait conduit ma trop grande facilité à donner. C’est de la richesse que d’avoir peu de besoins et beaucoup d’amis : nul ne l’a mieux senti que moi.

Les poursuites judiciaires dont je fus l’objet ont, dans le temps, fait assez de bruit pour que je n’en parle que d’une manière succincte. Dans son réquisitoire, l’avocat général Marchangy[2], homme de lettres de quelque réputation, qui avait sa fortune à faire au Palais et qui la fit au prix des quatre têtes des sergents de la Rochelle, Marchangy déploya contre moi un grand talent, soutenu du désir de rendre ma condamnation la plus rigoureuse pos-

  1. Béranger, tous frais faits, recueillit environ 32,000 francs de cette édition.
  2. Louis-Antoine-François de Marchangy, né à Clamecy, le 28 août 1782, est mort le 2 février 1826. Il avait été juge suppléant et substitut du procureur général, à Paris, sous l’empire. Son principal ouvrage est la Gaule poétique.