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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/229

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deux mois de séjour venait de quitter P.-L. Courier, autre séditieux moins maltraité que moi par la Restauration, mais dont la fin fut si affreuse et si regrettable[1]. J’avais pour compagnie beaucoup de braves condamnés politiques, entre autres mon ami Cauchois-Lemaire[2], homme d’un vrai mérite, mais trop modeste, qui, après avoir eu tant à souffrir dans l’exil et les prisons, en a été bien faiblement récompensé par la révolution de Juillet.

Je serais ingrat si j’oubliais de dire qu’à travers les nombreuses visites de curieux et de gens toujours disposés à suivre la foule, je recueillis, à ma première détention, les marques non moins nombreuses d’un vif intérêt tout patriotique. Il ne fallait rien moins que ces témoignages de sympathie et le bruit que fit ma condamnation pour me donner enfin et peut-être donner aussi aux chefs de l’opposition la mesure de l’influence que mes chansons pouvaient exercer.

J’ai connu des gens que la prison effrayait : elle

  1. Paul-Louis Courier de Méré, né à Paris, le 4 janvier 1772, fut assassiné le 10 avril 1825, dans son bois de Larçay, par Fromont, son garde. On ne sait au juste quel motif fit naître ce crime. Courier avait été condamné, en 1821, à deux mois de prison et 200 francs d’amende pour le simple discours sur l’achat du château de Chambord.
  2. Louis-Auguste-François Cauchois-Lemaire, né à Paris, le 28 avril 1789. Dès 1815, M. Cauchois-Lemaire était exilé. En 1821, il venait d’être condamné à un an de prison pour la publication, en un volume in-8o, de ses Opuscules.