Page:Béranger - Ma biographie.djvu/228

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ce fougueux champion des opinions aristocratiques, au demeurant l’homme le plus honnête, le meilleur et le plus désintéressé des royalistes[1]. Il fit écarter le Vieux Drapeau des applications de peine, comme présentant un cas non prévu par la loi. Aussi bientôt une loi nouvelle sur la presse ne manqua pas de boucher l’issue par laquelle le plus gros de mes crimes, car ce l’était en effet, avait échappé aux griffes de Marchangy ; je ne dis pas des juges, parce qu’ils parurent très-bienveillants, jusque-là que M. Larrieu, président, dit, dans son résumé, rempli pour moi d’éloges, qu’il était fâcheux que la gravité d’un tribunal ne permît pas de chanter les œuvres poursuivies, le chant pouvant être une excuse pour elles. Si l’on ne les chanta pas, du moins, pendant le délibéré des jurés, prit-on la beaucoup de copies de couplets[2] que j’avais faits en l’honneur de ma condamnation présumée, et cela jusque sur le bureau du greffier et de l’avocat général.

Je passai fort gaiement mes trois mois de détention à Sainte-Pélagie[3], dans la chambre qu’après

  1. M. Charles Cottu, né en 1777, a vécu, depuis 1830, dans la retraite à Versailles.
  2. C’est la belle et fière chanson :

    Soleil, si doux au déclin de l’automne,
    Arbres jaunis, je viens vous voir encore.

  3. Il y a dans la Correspondance (tome I, page 231) des lettres datées de Sainte-Pélagie dès le 27 décembre.