Page:Béranger - Ma biographie.djvu/245

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ma cause, avec une affection et un dévouement qui n’ont pu me faire oublier les erreurs où, à mon sens, il est tombé depuis et que j’aurais voulu pou-

    mes nouvelles chansons que sur l’assurance donnée par lui que leur publication était sans aucun inconvénient. Ces journaux ajoutaient qu’il avait corrigé les épreuves et mis le bon à tirer. Absent de Paris, j’eus trop tard connaissance de cette assertion, qui paraît avoir été accréditée, car on la répète encore aujourd’hui. Malgré son absurde invraisemblance et sa complète inexactitude, elle plaçait M. Dupin dans une position fausse, même comme avocat, puisqu’en me défendant il eût semblé défendre sa propre cause. Ses paroles eussent perdu de leur autorité habituelle.

    « Nous en fûmes frappés l’un et l’autre, et seulement alors j’obtins qu’il consentît à me laisser remettre ma cause entre les mains de M. Barthe, également mon ami, dont le noble caractère et le beau talent devaient donner toute sécurité sur le résultat de ma défense à M. Dupin, qui, du reste, n’a pas cessé de prendre à mon affaire le plus vif intérêt, et comme conseil et comme ami.

    « Les détails que le Journal de Rouen ajoute, relativement à mon marché avec M. Baudoin, sont également inexacts, et, quoique donnés dans une intention bienveillante, je me dois aussi d’en prévenir la fâcheuse influence.

    « Je n’ai jamais entendu laisser à mes éditeurs la faculté de m’imposer leur volonté pour la publication de mes chansons, et je dois dire qu’ils m’en ont toujours laissé faire le choix, sans examen de leur part. On suppose, dans l’article qui fait l’objet de cette réclamation, que M. Dupin aurait aussi approuvé le marché passé entre M. Baudoin et moi. Je proteste que cet acte ne lui a jamais été soumis et qu’il n’a pas plus été chargé de l’apprécier qu’il n’a corrigé les épreuves de mon recueil.

    « Vous me pardonnerez, monsieur, l’étendue de cette lettre en faveur des sentiments qui l’ont dictée. L’honneur ne m’en eût-il pas fait une loi, l’amitié qui me lie à M. Dupin, la reconnaissance dont je suis pénétré pour tout ce qu’il a fait pour moi, pour tout ce qu’il est disposé à faire encore, m’imposaient l’obligation de donner ces éclaircis-