Page:Béranger - Ma biographie.djvu/249

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jugement sans plaidoiries, de ne me frapper que d’une peine minime. Ainsi l’autorité évitait les débats, leur retentissement et comptait sans doute éviter aussi la reproduction des chansons condamnées : l’avantage eût été grand pour nos adversaires. On pense bien que je dus refuser, et je le fis de telle manière, qu’on n’insista plus qu’en me laissant entrevoir la perspective de plusieurs années de prison, prédiction qui heureusement ne s’accomplit pas.

Comparés à l’effet que produisit ce procès, qu’était-ce, pour moi, que neuf mois d’emprisonnement et dix mille francs d’amende ? Malgré l’exemple donné par MM. Laffitte, Bérard, Sébastiani et plusieurs autres, qui m’accompagnèrent au tribunal[1], beaucoup de mes grands amis politiques crurent prudent de m’abandonner encore. Mais bientôt, déçus

    que l’on puisse faire à la mémoire de Charles X ? J’ai trop sacrifié les biens du présent à je ne sais quel vain amour de gloire et de vertu pour que vous ne pardonniez pas à ma folie cette façon de considérer les choses.

    « Examinez donc mes raisons, pesez-les bien, et particulièrement la pureté de mes intentions et la netteté de ma position actuelle ; dites-moi si, en effet, vos vues ne sont pas plutôt celles d’une amitié qui s’épouvante, que les conseils d’une sagesse tranquille et froide. »

  1. Assigné le 5 décembre, non plus devant la cour d’assises, mais devant le tribunal de police correctionnelle, Béranger fut jugé le 10. Les chansons poursuivies étaient l’Ange gardien, pour outrage à la religion, le Sacre de Charles X et les Infiniment Petits, pour offense au roi, attaques contre la dignité royale, excitation à la haine et au mépris du gouvernement.