Page:Béranger - Ma biographie.djvu/260

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pensais à traiter ce sujet ; je lui promis que, si la chanson se faisait, il en aurait l’étrenne à sa fête patriotique. Aussitôt que la Sainte-Alliance des peuples fut terminée, je la lui envoyai, ce qui me valut de grands remercîments. Comme il était un des administrateurs des hospices, je fis ce méchant distique :

J’ai fait pour certain duc un chant qui n’est pas mal
Je suis sûr désormais d’un lit à l’hôpital.

Le lit à l’hôpital n’était pas encore à dédaigner.

Nos libéraux, anciens nobles, malgré la suppression volontaire des titres et même de la particule, n’en restèrent pas moins, presque tous, un peu ducs, marquis et comtes, et j’en sais un qui, tout en préconisant la loi agraire, qui coûte moins à prêcher que l’aumône à faire, a intenté de bons petits procès à ses voisins pour la conservation de servitudes féodales, depuis longtemps avariées.

Plusieurs grands seigneurs de fabrique impériale[1], pauvres lunes éteintes depuis la chute du soleil, n’avaient pas une morgue moins plaisante : il n’y manquait qu’un peu de faveur de cour pour en faire de l’insolence, ce qui ne m’empêcha pas d’en voir quelques-uns fort polis avec moi après les journées de Juillet. Pendant la Restauration, ils n’auraient

  1. Voir dans les Chansons posthumes la pièce énergique qui a pour titre la Saint-Napoléon.