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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/274

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dence sans nécessité, je crus devoir refuser de me rendre auprès du nouveau roi, qui plusieurs fois me fit exprimer le désir de me voir, et même de me remercier, mot que je mets sous la responsabilité de deux de mes amis, Laffitte et Thiers. À cette occasion, ayant répondu, en plaisantant, que j’étais trop vieux pour faire de nouvelles connaissances, on a attribué mes refus à mes opinions : on s’est trompé. Je n’avais jamais vu le duc d’Orléans, mais je le savais homme d’esprit et de sens ; devenu roi, il ne pouvait ignorer que, tout en contribuant aux déterminations dont il avait été l’objet dans les moments qui suivirent la victoire du peuple, je n’en étais pas moins nourri de pensées républicaines ; mais que, patriote avant tout, j’avais cru nécessaire de transiger avec des circonstances impérieuses du salut public. C’était en moi le résultat de quinze années de réflexions. N’ayant jamais pris d’engagement avec aucun parti, car je n’ai jamais été homme de parti, mais homme d’opinion, j’étais complétement libre à cet égard. Mon républicanisme ne pouvait donc m’empêcher de me rendre auprès du prince, qui, sur l’objection que Laffitte lui en avait faite, répondit, en souriant sans doute : « Je suis républicain aussi. » Ce que je redoutais, si je lui étais présenté, c’étaient ses instances pour me faire accepter des honneurs ou des pensions. Les rois, si nouveaux