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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/340

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réputation si méritée, et pour le moins égale à celle que madame Dufrénoy eut de son temps. Mademoiselle Delphine Gay[1] fait mieux le vers que ces deux dames ; mais il lui manque d’autres qualités qui semblent être leur partage. C’est au moins le jugement qu’en portent plusieurs personnes et qu’en portait Béranger lui-même. Du reste, il ne croyait pas les femmes propres aux soins mécaniques de la versification, qui, selon lui, étaient un grand élément de la durée du succès. Il disait toujours : « Malheur à qui n’est pas bon ouvrier ! Mais aussi malheur à qui n’est que cela ! » (Note de Béranger.)


Note XCI. — Au titre.

« Est-ce ainsi que Platon parlait de Dieu ! » s’écria, à propos de cette chanson, Marchangy dans son réquisitoire. Non, certes ; mais Aristophane ne parlait pas des dieux comme Platon. Béranger, dont la croyance en l’Auteur de la nature ne put jamais être mise en doute, puisqu’elle est attestée par une continuelle inspiration qui perce dans ses moindres productions, et par l’espèce de profession de foi qu’il ne cessa de faire à cet égard, Béranger, en faisant la chanson du Bon Dieu, n’eut pas l’idée de commettre une impiété, il s’en faut. Il prit, cette fois, Dieu comme nos religions l’ont fait dans la tête du peuple, et non comme lui-même l’avait conçu. C’est cette idole grossière qui lui servit de cadre pour des couplets dont la morale, après tout, est plus en rapport avec l’Évangile que celle de nos jésuites intolérants. Marchangy le savait, mais c’était ce qu’il poursuivait dans la popularité de cette chanson. (Note de Béranger.)

  1. Madame Émile de Girardin. (Note de l’Éditeur.)