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de la maladie, il vint le voir régulièrement deux fois par jour.

Béranger ne vivait plus que par une espèce de miracle ; on craignit de le perdre au commencement de l’hiver 1856. Son excellente constitution résistait et il retrouvait même par moments sa vivacité. Son âme généreuse ne l’abandonna jamais. Déjà retenu chez lui et presque alité, il ne se plaignait que de ses bonnes œuvres suspendues, et il n’écrivait, d’une écriture souvent obscurcie, que pour venir encore en aide à ses amis et à ses protégés.

Mademoiselle Judith, qui s’était bien soutenue jusqu’à la fin de l’année 1856, devint tout à coup gravement malade : un cancer à l’estomac l’abattit ; elle ne pouvait plus prendre de nourriture, mais son œil résigné et sa douce voix attestaient la force et la sérénité de son esprit. Elle est morte le 8 avril 1857, presque sans agonie, avec un courage et une fermeté dont il y a peu d’exemples. On vit, à son lit de mort, qu’elle avait été digne de partager la vie de son ami. Son nom mérite de rester inscrit à côté du nom de Béranger.

Elle avait environ deux ans de plus que lui. C’est elle qui semblait toutefois devoir lui survivre, et il l’avait d’abord désignée pour son héritière.

Nous voilà arrivés au milieu des images funèbres ; tout parle maintenant de cette grande mort du poëte.

Béranger avait, dès 1844, nommé M. Perrotin son exécuteur testamentaire.

« Après de mûres réflexions, et malgré l’intérêt que mon éditeur, M. Perrotin, aura à ma succession par suite des arrangements que j’ai faits avec lui, sûr comme je le suis de sa haute probité et de son dévouement sans bornes, je nomme ledit Perrotin mon exécuteur testamentaire.

« Fait à Passy, le sept juin mil huit cent quarante-quatre.

« Pierre-Jean de Béranger. »