Page:Béranger - Ma biographie.djvu/48

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d’un âge avancé, que mon babillage amusait. Un jour que chez lui nous étions en discussion, il se mit aussi à me parler de mes maîtres légitimes. Fatigué d’entendre ce mot revenir toujours :

« Eh ! lui dis-je, monsieur, apprenez-moi donc ce que sont ces gens-là, sur le compte desquels leurs partisans mêmes ne sont pas d’accord.

— De qui me parlez-vous, mon jeune ami ? reprit gravement le vieux chevalier.

— Mais de votre Louis XVIII, du comte d’Artois, de ses fils.

— Peuh ! peuh ! il s’agit bien de ces personnages-là : ce n’est qu’une famille d’usurpateurs.

— Voilà qui me confond ! Quoi ! monsieur, ces maîtres pour qui se dévouent tant de nobles, tant de Vendéens, ne sont que des usurpateurs ?

— De vrais usurpateurs, mon ami, et ils ne l’ignorent pas.

— Éclairez-moi, je vous prie ; je n’y puis rien comprendre.

— Je le conçois. Écoutez-moi donc, et vous verrez dans quelle erreur vos royalistes vous ont fait tomber. Avant Louis XIV et son frère le duc d’Orléans, Anne d’Autriche eut un fils, qui n’est autre que le Masque de Fer[1]. Ce sont ses droits qui ont été trans-

  1. L’histoire du Masque de Fer n’est pas aujourd’hui encore bien connue ; mais il ne paraît pas probable que cette histoire ait été aussi