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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/79

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l’application, sans laquelle les principes les meilleurs se déconsidèrent si promptement. Enfin, la France avait besoin d’un gouvernement fort qui la sauvât des Jacobins et des Bourbons, de l’incertitude et de l’anarchie. La jeunesse, ivre de la gloire du jeune consul, s’offrait de toute part à l’accomplissement de ses desseins, sans penser même à lui en demander compte. Il ne fallait, pour en juger, qu’entendre dans les théâtres avec quelle frénésie on applaudissait les allusions à la déroute des représentants à Saint-Cloud et de quels rires on saluait les traits lancés contre le petit nombre de Brutus qui, pour me servir des expressions du temps, avaient osé résister au nouveau César !

Qui croirait que ma première velléité d’opposition au gouvernement consulaire fut contre l’emprunt fait à Rome et à la Grèce des noms donnés d’abord aux nouvelles fonctions, et plus tard aux établissements d’instruction publique : consuls, tribuns, préfets, prytanées, lycées, tous ces mots me semblaient jurer avec le nouveau monde qu’avait enfanté 89, qui nous avait légué bien assez de mots de pareille origine ; c’était de l’enfantillage de ma part, sans doute, mais j’ai toujours détesté cette routinière imitation des anciens. Chez nous, voyez Hérault de Séchelles ne pouvant se mettre à travailler à notre constitution, s’il ne parvient à se procurer avant