Page:Béranger - Ma biographie.djvu/81

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peuple anglais et son prince ont été bien sensibles à ce souvenir de Plutarque.

Dans les premiers temps du Consulat, pour échapper à ma pénible position, je tentai de me faire envoyer en Égypte, où notre armée semblait pouvoir résister longtemps encore. Parceval-Grandmaison, que je connaissais et qui en était revenu avec Bonaparte, consulté par moi sur ce projet, m’en démontra tous les inconvénients. Je dus céder à ses avis. Que de fois depuis ne m’a-t-il pas dit : « N’avais-je pas raison ? » Moi non plus je n’avais pas tort ; car le problème à résoudre était de n’être pas à charge à mon père et de trouver le moyen de vivre, n’importe en quel lieu du monde.

Il y avait pourtant quelque douceur dans ma pauvreté. J’habitais une mansarde, au sixième étage, sur le boulevard Saint-Martin. De quelle belle vue je jouissais là ! Que j’aimais, le soir, à planer sur l’immense ville, lorsqu’aux bruits qui s’en élèvent sans cesse venait se mêler le bruit de quelque grand orage ! Je m’étais installé dans ce grenier avec une satisfaction indicible, sans argent, sans certitude


    naux et les proclamations des autorités nous ont parlé des cendres de Napoléon. Les poëtes, bien entendu, n’ont pas été les derniers à se servir du mot cendres. Aussi raconta-t-on qu’un vieux soldat, en l’entendant répéter, s’écria : « Voyez ! ces gredins d’Anglais l’avaient brûlé ! » (Note de Béranger.)