Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/108

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— que dans les relations de voyages au Levant durant nos xvie-xviiie siècles : vols à bord, mauvaise volonté des capitaines de port, menaces des petits tyrans locaux, discussions interminables pour la liberté de partir et même pour la vie ».

Le second récit beaucoup plus romanesque, est ce conte du naufragé auquel j’ai fait allusion plus haut : c’est le premier en date des Robinson Crusoé.

Il reporte le lecteur aux temps lointains où les Pépi et les Mentouhetep des vie-xie dynasties (2400-2100 avant notre ère) envoyaient déjà leurs flottes au Pouanit, dans le Sud de la mer Rouge, acheter les parfums, les drogues et les animaux rares : Salomon et Hirom s’associeront pour envoyer leurs grands vaisseaux « de Tarsis » faire là-bas les mêmes opérations de commerce. Le Robinson égyptien est victime d’un naufrage dans les eaux lointaines, qui bordent To-Noutri, « le Pays des Dieux » (Ulysse va nous citer des mots empruntés à la « langue des dieux »). Une tempête coule le navire et tout l’équipage et, seul, notre héros est jeté sur une île qu’habite un serpent gigantesque, « doué de voix humaine » (comme Circé et Calypso) : ce Serpent, bon père de famille, accueille le Naufragé, l’entretient, le nourrit, lui prédit un heureux retour et le comble de