Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le décor n’est pas le même ; mais ils se munissaient des mêmes objets d’échange et, dans la pratique des négociations, n’agissaient pas avec les tribus de l’Europe autrement que les Égyptiens avec les Barbares de la mer Rouge.

Nous avons dans Hérodote une description des côtes de l’Afrique entre le Nil et Carthage, qui provient d’un vieux périple phénicien. Or, il est possible de prouver, — et je crois avoir donné la démonstration complète, — que les aventures d’Ulysse sont sorties d’une pareille source : depuis longtemps, les navigations égyptiennes dans la Méditerranée ou la mer Rouge et leurs périples avaient donné naissance à des contes ou romans maritimes dont les papyri ne nous ont encore livré que deux.

L’un est de ton presque hébraïque et de date plutôt récente. Ce sont les mésaventures d’un officier, Ounamonou (ou Wen-Amon), que le grand prêtre Hrihorou envoie sur la côte syrienne, au xiie siècle avant notre ère ; il va faire l’un de ces achats et chargements de bois de construction, que, de tous temps, nécessitèrent les temples et palais de l’Égyptos : Salomon négociait les mêmes avec son fournisseur de Tyr-Sidon, le roi Hirom… Ounamonou rencontre tous les contretemps « qui pouvaient survenir alors dans la vie réelle des marchands ; ce sont les mêmes incidents, — dit G. Maspero