Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/121

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dans le maquis, et ses deux mille porcs, qui erraient par la forêt, en compagnie des sangliers, ou que des pâtres, sonnaille au cou et chiens hargneux dans les jambes, conduisaient à la glandée et défendaient contre les pirates et les fauves.

À l’intérieur de la forêt et du maquis, c’est vainement que l’on chercherait encore aujourd’hui une bâtisse en pierre. Les bûcherons, les pâtres et les troupeaux, descendus de l’Apennin, qui campent en cette plaine Pontine durant l’hiver et le printemps, l’abandonnent en été aux moustiques, à la fièvre, à toutes les mauvaises bêtes, insectes, fauves, rapaces et reptiles :

Au mois d’octobre, — écrivait en 1881 l’historien de Terracine, R. Moulin de la Blanchère, — on sent dans l’Apennin que la neige approche ; dans la plaine pontine, les pluies de novembre vont réveiller la nature desséchée et abattre les fièvres ; à cette époque, la macchia se remplit. De l’Apennin, des Abruzzes, de toutes les montagnes, une foule de gens viennent s’y établir. Déserte en septembre, la macchia en décembre a la population d’une ville : 20.000 âmes environ y habitent ; dans l’immense forêt pontine, chacun va retrouver sa lestra, un essart fait par lui ou par un devancier, souvent par un ancêtre ; une staccionata, lice grossière garnie de broussailles, enferme les bêtes ; des cabanes de branchages, en forme de ruche, enferment les gens. Le montagnard vit six ou sept mois dans ce gourbi. Juin arrive. Les marais sèchent. Les