Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/140

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répondent, en vérité, à des besoins contraires : le site grec convient à des colons ou des marchands fixés à demeure, en pays allié ou conquis ; le site odysséen n’est jamais qu’une relâche, une aiguade, un reposoir en pays sauvage ou inconnu… Ulysse a passé dans le second : Homère se serait établi dans le premier.

On peut néanmoins formuler autrement l’hypothèse d’Homère-Ulysse : « Les descriptions odysséennes ne peuvent-elles pas correspondre à la vision qui s’offrit aux Hellènes quand, pour la première fois, leurs explorateurs, avant leurs colons, pénétrèrent en ces parages occidentaux et y fréquentèrent les relâches des thalassocrates antérieurs ? le périple grec, dressé par ces premiers explorateurs, aurait permis au Poète de décrire une Méditerranée, non pas hellénique, mais plus ancienne et très différente, avec ses routes, ses relâches et son onomastique, non pas grecques, mais phéniciennes ».

L’hypothèse, même sous cette forme, ne semble pas correspondre à la vraisemblance : loin de fournir au Poète la matière de ses descriptions, les premiers explorateurs grecs lui empruntèrent, je crois, la nomenclature de leurs découvertes.

Les Récits d’Ulysse chez Alkinoos existaient en leur forme présente avant le départ des des-