Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/141

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cobridores helléniques vers la Sicile et vers l’Italie : en partant à la découverte de cette mer Occidentale, les Hellènes emportèrent avec eux des noms et des idées géographiques, que les seuls Récits avaient pu leur mettre en tête, et ils s’efforcèrent de les localiser sur les rivages de leurs explorations. Ils cherchèrent la terre des Cyclopes, l’île de Calypso, la côte des Lestrygons, le manoir d’Éole, la prairie des Sirènes, le temple de Circé. Ils voulurent retrouver chaque pays odysséen.

Tantôt ils réussirent. Tantôt ils échouèrent. Toujours et partout, ils essayèrent. Cette préoccupation n’abandonna jamais leur esprit. Le Poète présida à toutes leurs aventures, et les aventures d’Ulysse à tous leurs récits. Ils pensèrent à chaque pas remettre en place la nomenclature et les réalités homériques.

Ils crurent avec raison que les Lotophages, mangeurs de fruits, étaient d’honnêtes Berbères, qui vivaient heureux et tranquilles dans l’un de ces jardins fruitiers que nous appelons oasis et qui parsèment, au Sud de notre Tunisie, le Djerid de nos Arabes, « le Pays des Dattes ». Ils virent de leurs yeux, en regardant le volcan de Stromboli, annonciateur des tempêtes, qu’Éole, le roi des vents, était le maître des îles autour de Lipari. Ils imaginèrent avec non moins de raison que Charybde et Skylla sym-