Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/150

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Périple d’Hannon, roi de Carthage, dans les parties libyques de la Terre au delà des Colonnes d’Hercule (Relation exposée dans l’enceinte du sanctuaire de Kronos).

Les Carthaginois avaient décidé qu’Hannon naviguerait au delà des Colonnes et y fonderait des villes de Libyphéniciens. Il partit avec soixante navires à cinquante rames, emmenant une foule de colons, hommes et femmes, qui montaient au chiffre de trente mille, avec les vivres et le reste des préparatifs.

Une fois en mer, les Colonnes franchies et après deux jours de navigation au delà, nous avons fondé une première ville que nous avons appelée L’Encensoir, au bord et au-dessus d’une grande plaine.

Voguant ensuite à l’Ouest, la flotte entière s’est réunie sous le Soloeis, promontoire de Libye tout couvert d’arbres.

Nous y fondons un temple de Posidon, puis reprenons notre route au levant, durant une demi-journée qui nous mène à l’intérieur d’une lagune bordant la mer et pleine de roseaux denses et hauts, où gîtaient des éléphants et nombre d’autres fauves…

Ce véridique périple d’Hannon est rempli de monstres : éléphants, crocodiles et hippopotames ; sauvages qui lancent des pierres ; nègres fuyards au parler incompréhensible ; êtres muets et poilus qui semblent des femmes et que « les interprètes appelaient gorilles » ; nous usons encore de ce terme pour ces grands singes dont