Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/190

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creusé de multiples passages et de larges étendues de mer dans la masse imaginaire de la Terre australe. En 1800, Bonaparte rêvait pour sa marine un coup d’éclat qui, dépassant la gloire récente d’Entrecasteaux, rendît jaloux les compatriotes de Cook eux-mêmes : il envoyait Péron avec ordre de traverser de part en part l’Australie, du Sud au Nord, en suivant le détroit inconnu, mais qui ne pouvait pas manquer d’exister, entre les bouches du fleuve Murray et le golfe de Carpentarie.

Les Phéniciens, dans la Méditerranée anté-homérique, s’étaient lancés pareillement à la quête d’une Terre occidentale, qu’en leur langue, ils devaient nommer la « Terre du Couchant », Éréba. Ils tenaient de leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amentit », de ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienheureux de ses morts. De cette quête de l’Éréba, les Hellènes firent leur légende de la belle Europé, « l’Occidentale », poursuivie par son frère Cadmos, « l’Oriental », que leur père Agénor, roi de Tyr, avait envoyé à la recherche : de Phénicie en Crète, en Béotie, en Illyrie, Cadmos avait marché vers cette terre du soir, — Hespéria, dirent les Grecs.

Amentit-Europe-Hespérie, trois noms équivalents pour cette Terre du Couchant, que les