Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/211

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la Gallura sarde et les îles voisines se sont peuplées d’exilés et de bandits corses : le dialecte actuel de la Gallura est bien plus voisin du corse que du sarde.

Nos cartes connaissent encore, dans l’archipel de la Maddalena, le Cap des Réfugiés, Punta Banditti ; les Grecs et Romains auraient dit « le Cap des Balares ». Balares n’étant donc qu’une épithète, les Korses semblent avoir été le seul peuple établi primitivement sur les deux rives des Bouches de Bonifacio.

Si l’on voulait chercher quelle put être pour les premiers navigateurs sémitiques l’exacte traduction de balaros, il faudrait recourir à la racine s.r.d, qui signifie tout à la fois s’enfuir et s’échapper, quitter sa maison et éviter le danger. Les Hébreux et les Arabes ont l’adjectif sarid pour désigner le fugitif, l’errant, ce qui reste d’une tribu après une razzia ou d’une armée après une défaite. Les Hellènes savaient que le héros Sardos était un descendant d’Héraklès qui s’était réfugié dans l’île de Sardaigne, en fuyant de cette Libye où les gens de Tyr-Sidon avaient leurs comptoirs et leur colonie d’Utique. Je crois donc que le nom des Sardes fut la traduction phénicienne de Balares.

C’est un cap des Banditti, des Balares-Sardes, qui donna son nom à tout ce pan sep-