Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/46

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Une fois arrivé, j’ordonne à tous mes braves de garder les vaisseaux sans bouger de la rive, tandis que j’envoyais des vigies sur les guettes ; mais, cédant à leur fougue et suivant leur envie, les voilà qui se ruent sur les champs merveilleux de ce peuple d’Égypte, les pillant, massacrant les hommes, ramenant les enfants et les femmes.

« Les voilà qui arrivent avec leur chef, — dit Minephtah dans une des inscriptions de Karnak. — Ils passent leur temps à combattre, pour rassasier leur panse chaque jour, et c’est pourquoi ils viennent au pays d’Égypte chercher leur subsistance. Leur intention est de s’y installer. La mienne est de les prendre comme des poissons sur le ventre… Leur chef est tout le portrait d’un chien (l’Odyssée dit « face de chien »), un homme ignoble, un fou ».

Malgré ce beau mépris pour leur chef, Minephtah hésite à marcher en personne contre ces bêtes fauves qui ne craignent ni les coups ni la mort ; il envoie seulement ses archers et ses chars :

Les archers de Sa Majesté firent rage six heures durant parmi les Barbares que l’on passa au tranchant du glaive. Alors leur chef eut peur. Son cœur défaillit. Il se mit à courir de toute la vitesse de ses jambes pour sauver sa vie.